Pour revenir à la newslettre, cliquez ici
Ludovic Louis Trompettiste français avec la star américaine Lenny Kravitz |
Ludovic Louis, né en 1980 au Havre, est un trompettiste aux influences Nu-soul, hip-hop, jazz… inspiré par Miles Davis, Roy Hargrove ou par le groupe Earth Wind and Fire. Il se produit ou enregistre aux cotés Jimmy Cliff, Orishas, Florent pagny, Yannick Noah, Tryo, Khaled, Raul Paz. Pour sa tournée internationale 2011/2012 la rock star américaine Lenny Karvitz l’appelle à le rejoindre sur scène. Comment et pourquoi Lenny Kravitz t’a proposé de le suivre dans sa tournée 2011/2012 ? Lorsque son trompettiste est parti avant le début de la tournée, Lenny Kravitz a écouté plusieurs trompettistes aux Etats Unis sans trouver ce qu'il cherchait. L'un des saxophonistes sur l'ancienne tournée, le français Mathieu Thave m'a appelé la veille d'un concert parisien où Lenny Kravitz se présentait dans le cadre du Peace one day au grand Rex. Il m’a proposé de venir sans me préciser de quoi il s'agissait... La suite est que je me retrouve à répéter les morceaux avec le groupe pour jouer le lendemain Dans cet univers sonore particulier, tu es le seul cuivre avec un rôle de soliste. Comment sont réglées tes interventions, préparées avec l’arrangeur ou complètement improvisées ? Je ne suis pas le seul, le trombone a aussi droit à son long solo lors d'un morceau. Mais c'est le saxophoniste, Harold Todd, qui a le rôle important. Concernant mon intervention sur l'introduction du titre Black and White America, c'est Lenny qui me l’a demandé. Dans son spectacle 2011 Lenny Kravitz laisse à la trompette un place de choix. Est-ce en rapport avec ta rencontre ou a-t-il l’habitude d’intégrer cet instrument ? Quels sont les trompettistes qui l’ont accompagné comme tu le fais ? il intègre habituellement l'instrument dans ces différents albums. L'ancien trompettiste était Michael Hunter et aussi pendant un an Trombone Shorty. |
Sur scène, une complicité s’instaure avec ce chanteur et la
trompette. Dans une intro de deux minutes, Lenny Kravitz joue sur scène
avec toi, t’incitant à grimper dans l’extrême aigu où tu te complets à
grimper au bi-contre-ut. Est-ce un jeu facile pour toi ? Facile non parce que le jour où tu n'es pas en forme, il y a toujours le risque que ça craque ! D’autant que cette note intervient à la toute fin de l'impro. C'est un truc que j'avais testé lors de la première date de la tournée à Amiens. J'ai trouvé cela plutôt cool donc je l’ai gardé comme apothéose du solo. Comment est arrivée la rencontre avec la musique ? Le jazz et la variété ont toujours été présents. Mon père passait pas mal de musique à la maison, jazz, musique antillaise, salsa, ainsi que des VHS de groupes qu'il avait enregistré ou acheté. A la maison, au Havre, c'était une vraie caverne d'Ali Baba concernant la musique. Que retiens-tu de ton apprentissage musical au Havre ? L'époque où je passais pas mal de temps sur les bancs des écoles de musique ! Entre les cours de solfège, de trompette classique avec Philippe Langlet puis Sylvain Maillard au Havre et jazz avec Alain Loisel, des orchestres de jeunes, du big band du Jupo (Jupocéane Big Band), des ateliers de jazz, cela me prenais pas mal de temps... Mais j'aimais, c'était cool. Je voyais mes amis donc c'était plutôt pas mal. Bon je n'ai pas honte de dire que j'avais quand même un gros poil dans la main ! Je bossais un petit peu à la maison et pratiquais l'instrument lors des répétitions avec les différents orchestres. Mais pour les examens de fin d'année, je bossais comme un fou l'ultime semaine. Trop peur de me faire recaler. Tu as participé à l'Orchestre d'Harmonie de la ville du Havre ainsi qu’au Jupocéane Big Band. Que t’ont-ils apporté ? Les deux m'ont apporté rigueur, concentration et écoute de ce qu'il se passe autour. En Orchestre, tu comptes 70 mesures avant de faire une note. Mais bon après 2, 3 fois quand tu es gamin, quand tu connais le morceau, tu sais juste qu'à tel moment c'est à toi. Tu as tout sauf envie de faire reprendre 70 mecs parce que tu t'es planté ! En big band, c'est le même rapport, sauf qu'en étant lead, tu as plus de responsabilités. C’est ce que je recherchai. A ton avis, pourquoi, actuellement les solos de trompette dans la variété française et étrangère se font si rares ? Question d’époque ou bien les trompettistes fuient-ils la variété ? Je pense que c'est plutôt une question d'habitude. Pour tout le monde dès qu'il y a un solo en section, généralement, il revient au saxophoniste. Pour son coté sexy, ainsi que pour le son. Mais nous aussi nous savons être sexy et avoir le son ! Et il n'y a pas que la trompette. As-tu entendu des solos de trombone connu ces 20 dernières années dans la variété française voir internationale (hormis Fred Wesley) ? A nous de faire changer les idées reçus. Comment es-tu entré dans le milieu de la variété ? Grâce à Philippe Slominski, super trompettiste et ami qui m'a permis de rentrer dans le milieu parisien. Lorsqu’il avait plusieurs projets en même temps, il me recommandait à ses contacts pour que je le remplace. Et de fil en aiguille, j’ai rencontré d’autres musiciens… J’ai travaillé avec un groupe cubain qui s’appelle Orishas et avec lequel on a fait pas mal de scènes. Le premier artiste français avec lequel j’ai bossé, c’est Francis Lalanne lorsqu’il est revenu sur le devant de la scène vers 2004, il me semble. J’ai eu la chance de travailler avec Jimmy Cliff, Raul Paz… Un jour Raul Paz participait à un projet sur Cuba. Je me suis retrouvé aux côtés de Florent Pagny qui a apprécié les cuivres. Et donc lorsqu’il est parti en tournée, il m’a contacté pour que je monte une section de cuivres sur son projet… Quelles sont tes autres rencontres marquantes ? En février, j'ai eu la chance de jouer à Las Vegas pour Quincy Jones et le boxeur Muhammad Ali lors de son 70ème anniversaire. C’est le moment le plus intense de ma carrière. On peut d'ailleurs trouver un lien de cette séquence sur Youtube. Ce jour à Las Vegas, le concert débute. Généralement entre deux morceaux précis, je fais un interlude de trompette, sauf que juste avant de commencer, Lenny arrête le morceau. Je comprends donc que je ne vais pas jouer… Lenny parle, parle… et demande d’accueillir chaleureusement une légende vivante qui a fait énormément, dans de nombreux domaines. Mohamed Ali arrive donc sur la scène. Je suis ému de le voir à cinq mètres de moi… et là, Lenny me lance sur mon solo. Je commence à jouer… et Lenny me fait venir devant, ce qui fait que je me retrouve à jouer entre Mohamed Ali et Quincy Jones… Après, je n’arrive plus vraiment à expliquer ce qu’il s’est passé… J’oublie complètement où je suis, à Vegas devant 5000 personnes. Je suis connecté au mec qui est en face de moi, et qui n’est autre que Mohamed Ali, une légende vivante… Et à la fin de mon interlude, je lui me tends la main pour le remercier. C’est le plus beau moment de ma carrière. Émotionnellement, c’était très très très fort ! Quels sont tes coups de cœur musicaux récents ? J’ai vraiment trouvé merveilleux le show du groupe américain de jazz fusion Snarky Puppy. J’ai fait une découverte agréable du dernier album de Coldplay. Et je suis totalement fan d’Erykah Badu. J’aime écouter les nouveautés et m’en inspirer, sans me limiter à un style de musique. Quels sont tes projets ? Je prépare la sortie d’un CD avec des compositions personnelles. Ce sera un album jazz nu soul, très inspiré de mes modèles, Miles Davis, Erykah Badu, Roy Hargrove, Earth Wind and Fire... Il n'y aura que des compositions. As-tu le souhait d’enseigner ce que tu apprends en ce moment dans cette vie artistique pleinement remplie ? Pour enseigner, il faut avoir ce truc. Malheureusement je n'ai pas la fibre pédagogique, je ne saurai pas expliquer comment je souffle. Donc dans ce cas comment correctement enseigner à des enfants. Mais parler de mon expérience personnelle et professionnelle, avec grand plaisir. https://www.myspace.com/ludoviclouis |
Y.R. |