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Concours National de la C.M.F. - Symphonie de P. Fauchet Rencontre entre l'Harmonie Municipale de Bourbourg et Philippe Ferro

Le mois de juin est la période des concours et des examens, et le monde des orchestres à vent amateurs n’échappe pas à l’ébullition des  épreuves, avec  sa période de stress et d’émoi afin de tenter de décrocher palmes et lauriers . Cette année, la Confédération Musicale de France a choisi pour la catégorie « Division Honneur » (plus haut niveau pour les Orchestres d’Harmonie en France) d’imposer aux courageuses formations qui acceptent de jouer le jeu, l’exécution en intégralité de la Symphonie pour Musique d'Harmonie de Paul Fauchet - Rappelons aux retardataires, qui auraient manqué quelques éditions de cette newslettre, que les Éditions Robert Martin ont  donné, en 2010, par une nouvelle édition critique basée sur l’édition de 1926, une vrai renaissance à cette œuvre importante du répertoire français pour Harmonie puisque première du genre "symphonie" de concert (26 minutes sur quatre mouvements) de toute l’histoire de la musique pour ce type d’ orchestre ! Nous ne pouvons que saluer le choix artistique de la C.M.F. qui permet d’entendre une partition française originale (de nos jours, assez rare au final pour beaucoup d’orchestres...) dotée d’un instrumentarium tricolore avec des imposantes parties de bugles et saxhorns. Inutile de préciser que les orchestres qui tentent le pari de monter cette partition sont tous sur le pied de guerre depuis plusieurs mois afin d’agencer les parties et trouver les sonorités et phrasés idoines. Un formidable exemple, alliant monde amateur et  un référant professionnel, a retenu mon attention dans la préparation de cette épreuve. Un orchestre de plus de 200 années d’existence, qui ne fait pas son âge si l’on constate le nombre de jeunes qui viennent consciencieusement répéter le samedi après-midi, celui de la Musique Municipale de Bourbourg, situé à quelques encablures de Dunkerque,  a convié le chef d’Orchestre Philippe Ferro le temps d’une répétition. Ferro, c’est  la référence en France des chefs spécialistes des Orchestres d’Harmonie, une baguette autant réputée pour ses compétences que sa passion à distiller la musique auprès de tous. Son parcours avec son Orchestre d’Harmonie de la Région Centre est exemplaire en ce sens, plus que positif, et qui semble donner des idées à d’autres régions d’ailleurs... Donc, après une discussion avec Claude Deconinck, directeur de la Musique de Bourbourg qui souhaitait se renseigner sur la résurgence de cette Symphonie de Fauchet, j’ai pu lui indiquer que Philippe Ferro avait donné, il y a quelques années, la pièce de Fauchet en concert. Une idée surgit de la boite à idées nordiste, emplie d’humilité, afin de faire progresser son orchestre : celle d’inviter Philippe Ferro à venir donner une classe de maître, diriger le temps d’un après-midi cet orchestre et lui prodiguer quelques conseils afin de l’aider à donner ses pleines capacités en vue du concours. Philippe Ferro, assuré de pouvoir diriger une formation motivée avec un réel potentiel, et à l’idée de passer un chaleureux moment d’amitié avec les nordistes, a accepté sans hésitation. Rendez-vous était pris pour une session de travail un samedi après-midi. Il fallait avoir vu (et évidemment entendu) le silence qui s’est instauré au moment de l’entrée dans la salle de répétition de l’ancien chef des Gardiens de la Paix pour comprendre le sérieux de l’évènement et le fait que, cela s’explique difficilement, certains personnages imposent un respect naturel au moment d’entrer dans l'arène. Comme disait Pierre Boulez, « on naît chef, on ne le devient pas ». Claude Deconinck avait pu habilement faire chauffer son orchestre avec un recueil adapté de « chauffes » de Brassband dont il a le secret (que nous révélons en partie, désolé Claude !). Après de courtes présentations et une première lecture sous la direction du chef de Bourbourg, Philippe Ferro est monté au pupitre et a commencé à donner conseils et tenter de résoudre certaines difficultés techniques, obstacles à la bonne exécution. Dans ce genre d’exercice, il est passionnant de constater l’évolution de la sonorité de l’orchestre, la manière dont le son s’ouvre, les phrasés qui s’instaurent, l’interprétation qui devient fluide et naturelle. Claude Deconinck, assis derrière le podium, partition et crayon en main, ne perdait pas une miette musicale des indications du Maestro Ferro. Fait étonnant, la concentration et l’écoute qui régnaient dans la salle de répétition de la Musique de Bourbourg étaient nettement palpables. Equilibre des accords, corrections des intonations douteuses et des phrasés, compréhension du style, l’Harmonie a travaillé plus de quatre heures sous la direction des deux chefs, cela, dans une atmosphère alliant convivialité et volonté de progresser. C’est évidemment la recettes des Harmonies nordistes qui réussissent à conserver la grande tradition des musiques amateurs tout en se remettant en question par l’inscription à ces concours de classement. Moment où apparaîtra une petite boule dans le ventre des plus jeunes qui découvrent cet imposé de prestation face un jury mais qui sera effacée dès les premières notes, la magie de la musique opérant… Faut-il préciser qu’après cette intense séance entre le chef professionnel et ces amateurs, tout cela s’est achevé par des éclats de rire et un excellent potjevleesch (pour la prononciation, contactez les musiciens de Bourbourg) nappé de quelques jus de fruits et de houblon bien frais ? Comme lancé par Philippe Ferro à la fin de la répétition, sous les applaudissements des musiciens ravis d’avoir été guidé par une personnalité musicale de ce rang, nous ne pouvons que souhaiter tous nos vœux de réussite à nos amis de Bourbourg pour le Concours National de la CMF de Laon (02), le dimanche 5 juin prochain ! Ils représentent le parfait exemple de ce monde amateur si important au maintien de la vie musicale en notre pays. P.S. : tous nos bons vœux à l’Harmonie Nordiste de Linselles qui sera aussi présente le 5 juin à Laon dans le même exercice !

F.D.