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L'exception culturelle française !

"Chef ! Chef ! On a perdu l'estafette !"



drapeau-francais-en-berneDébut  juillet,  à Taïwan, fut organisé le congrès mondial de la W.A.S.B.E. (World Association for Symphonic Bands and Ensemble). Au cours de cette intense semaine se succèdent des concerts, colloques, interventions, échanges, communications en tout genre sur l’univers de l’Orchestre d’Harmonie…  Il serait peut-être fallacieux de dire que ces rencontres sont le quartier général planétaire du monde de l’Harmonie mais tout de même, l’arrogant et banal français que je suis et qui a un avis sur tout afin de gérer les affaires de la galaxie doit le reconnaître : un congrès Wasbe est une pragmatique photographie de l’activité des ensembles de soufflants à l’ échelle terrestre.
 Et une nouvelle fois, histoire de remonter le moral de ceux qui ont pu passer le mois de juillet sous la tente à contempler la pluie et à lancer de désespérées incantations dirigées vers le soleil, la France a brillé par son absence. Rappelons tout de même que nous ne sommes pas un pays du quart-monde culturel, que nous avons une Culture avec une grand C, presque entièrement financée par l’Etat (ce qui n’est plus vraiment le cas chez nos voisins frontaliers), que notre héritage et patrimoine musical fait référence sur tous les continents, que beaucoup de spécialistes considèrent que le France du début du XIXème siècle est le berceau de l’Orchestre d’Harmonie… Bref, pour résumer sauvagement le propos, comme il fut demandé  avec politesse un jour à l’un de nos meilleurs chefs d’orchestre français pour Harmonie lors de rencontres internationales de « Windband » : « les Harmonies existent encore en France ? ». La naïveté du point d’interrogation  vous fera certainement sourire ou vous agacera, vous qui tentez de faire survivre le mouvement orphéonique en notre si cultivé pays, mais  mettons-nous à la place des « étrangers  barbares »  qui n’ont pas de Ministère de la Culture, d’Opéras ou formations symphoniques entièrement subventionnés par l’Etat avec peu ou prou de contrôles qualité, de Musiques militaires aux importants effectifs permettant encore de donner des concerts avec des pièces constantes autres que des marches de parade ; comment pensez autrement au regard de l’absence quasi général de la France sur le plan international ?

 Regardez le programme des concerts du Congrès Wasbe 11 : 14 concerts de haut niveau et pas une formation française. Présents à Taïwan pour l’Europe : l’Orchestre d’Harmonie des Jeunes de Grande-Bretagne, l’Orchestre de Troviscal (Portugal), L’Orchestre à vent Norvégien… Les frenchies ? 0 point ! Les œuvres jouées : sur près de 80 partitions présentées lors de ces concerts, achtung , l’addition sera rapidement faite : 4 œuvres composées par des français. Et encore vous voulez la liste : Messiaenla Ville d’en haut, Jolivet, Second Concerto pour trompette, Tomasi, Fanfares liturgiques et Milhaud, Suite Française. Donc, en fait, une seule et véritable œuvre pour Harmonie ! Il faut dire que chaque formation défendant les œuvres de son pays, l’absence d’une formation française fait s’écrouler la statistique… Mais bon, nous serions encore capables de nous présenter avec des pièces anglaise, hollandaise ou de la Suisse italienne…

 Il est vrai que le Ministère de la Défense Nationale n’a pas d’argent  pour envoyer une formation représenter notre pays, il est vrai que l’on préfère organiser des cocktails ou des soirées choucroutes que de capitaliser afin d’envoyer une Harmonie amateur de haut rang défendre nos couleurs. Certes, l’exemple 2011 est plus que délicat : déplacer 60 musiciens à Taïwan est un budget des plus conséquents à l'heure de la rigueur (que diraient nos voisins italiens ou espagnols !) mais je mets mes piston au feu que si le Congrès Wasbe était organisé à deux heures d’avion de Paris ou Lyon, nous  réussirions encore à manquer l’évènement, ou pour paraphraser une série cinématographique assénée chaque été à la télévision française,  vantant l’efficacité de l’armée française en juin 1940 : « Chef ! Chef ! On a perdu l’estafette ! ».  Sans parler des querelles de clochers, du  "pourquoi lui et pas moi" qui paralyseraient le soutien officiel d'une C.M.F. à une formation et pas une autre (Cf . Astérix, Le Combat des chefs, le fondement du partage du pouvoir à la  française !)
Évidemment, afin  de préparer un tel évènement, cela requiert un grand investissement d’énergie et de courage afin de convaincre les décideurs, les directeurs d’institution, de cabinets, de chefs d’Etat-Major… Qui aura le courage dans cette période de repli sur soi et d’attentisme complet de se lancer dans l’aventure ?
 Et pourtant, nos formations militaires comme la Garde ou l’Air (et les autres), les Harmonies représentant une région ou certaines en degré Honneur de la C.M.F. rencontreraient de manière évidente un succès incroyable dans ce type de manifestation…

 Il y a toutefois une excellente nouvelle venue de ce congrès 2011 de la Wasbe, relatée par Max Desmurs présent sur l'évènement (1) : un incroyable concert donné par le Kosei de Tokyo et son directeur musical : Paul Meyer. Et oui, cela fait plusieurs années que Paul dirige cette formation légendaire… Mais qui l’a remarqué chez nous ? Pas d’ombres pour les chefs de village gaulois, il faut tout faire pour rester sur le bouclier, l’intérêt particulier demeurant primordial en comparaison à l’intérêt de la nation.
Douce et sempiternelle France…


Au moins, nous dirons qu'il reste du pain sur la planche et que la rentrée sera active !
En espérant le retour du soleil !
Bon mois d'août à tous !


(1) : voir le billet de Max Desmurs du mois de juillet

F.D.