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Frédéric CHOPIN Les deux Concertos pour piano dans des transcriptions pour piano et Quintette à cordes |
Réalisations de Maria Eugenia MAFFI. Première parisienne du Concerto n°1 dans sa version pour piano et cordes, le programme de l'époque ! En cette année anniversaire, célébration du bicentenaire de la naissance du plus français des musiciens polonais, de ce pianiste compositeur à la ligne de vie romanesque, digne à lui seul de figurer entre exaltation et dépression tel l’élément clef de la figure du héros Romantique ; les mélomanes en blanc et noir découvriront certainement ce qui pourrait sortir d’un cabinet de curiosités et qui, pourtant, possède la plus grande légitimité. Afin de saisir la pertinence de ces transcriptions, il faut revenir et s’imprégner des pratiques musicales du début du XIXe siècle, ce moment où la musique n’était diffusée – l’utilisateur du contemporain baladeur numérique nous excusera – que par le biais du piano familial ou des rares concerts qui étaient organisés, bien souvent, aux frais du compositeur ou d’un instrumentiste virtuose. Adapter, transcrire, réorchestrer étaient des pratiques objectives et connues par les compositeurs (A l’instar des Symphonies décortiquées à la flamme d’une bougie dans des versions pour deux pianos ou de Sonates pour piano en quatuor à cordes !). Notre époque du tout respectueux philologique, de l’analyse de la moindre trace digitale ou dépôt consécutif au passage d’une mouche, occulte ses mœurs musicales où l’on modifiait ad libitum et avec la bénédiction du compositeur les habits d’une partition. Le cas des Concertos de Frédéric Chopin est sans équivoque. D’ailleurs, Chopin, de son vivant comme l’on dit, connaissait cet usage et a parfaitement saisi qu’une adaptation de sa musique, pour piano solo et orchestre vers une version pour piano solo et quatuor ou quintette à cordes, pouvait permettre de diffuser son art dans les foyers. Les agendas de l’histoire de la musique retiennent la date du 26 février 1832, dans les salons de la firme Pleyel, à Paris quand fut donné le Concerto n°1 de Chopin, avec l’auteur au piano et avec un accompagnement de quatuor donné par le Quatuor Baillot. C’est en 1833, que fut éditée la première version à Paris de ce Concerto dans sa version avec « Quintuor » pour deux violons, alto, violoncelle et contrebasse. Le Second Concerto op.21 (mais composé avant celui en mi mineur…) fut édité dans cette configuration de musique de chambre à Leipzig en 1836. Chopin était parfaitement averti des publications. D’ailleurs, de toutes les œuvres pour piano et orchestre de Chopin, seuls les Variations sur La ci darem la mano ne furent pas éditées dans cette nomenclature. Simple réduction, en vue d’une meilleure propagation du nom de Chopin dans les cercles mélomanes ou apport d’une subtil et élégant chef d’œuvre de la musique de chambre : ces partitions conservent pleinement leur puissance expressive. Schumann avait commenté ces deux partitions concertantes d’un « Si un génie tel que Mozart devait apparaître de nos jours, il aurait écrit des Concertos comme Chopin plus que comme Mozart ». Éloge d'un autre génie à l'égard de deux collègues non moins prestigieux ! |
Maria Eugenia Maffi : née en Italie en 1969. Cette passionnée de musique, violoncelliste de formation, est diplômée du Conservatoire de Musique National « Giuseppe Verdi » de Turin, Italie (formation musicale, musique de chambre, violoncelle) et du Conservatoire de Musique de Menton, France, dans la classe de Jacques Perrone. Parallèlement, elle se forme à la lutherie à l’Académie de Musique « Prince Rainier III » à Monaco (Principauté de Monaco) dans la classe d’Alper Feyman et étudie l’harmonie, l’orchestration, l’arrangement musical avec Antonio Secondo à Sanremo (Italie). Violoncelliste du « Quatuor Ladybirds », elle joue également dans diverses formations notamment « l’Ensemble orchestral Sola-Voce » et « l’Ensemble orchestral des Soirées Lyriques-Crescendo » à Monaco (Principauté de Monaco); elle a joué lors de plusieurs concerts avec l’Orchestre des Professeurs du Conservatoire de Musique de Menton. Amoureuse de son instrument, elle enseigne la formation musicale et le violoncelle et a souhaité permettre à tous les violoncellistes jeunes, moins jeunes, amateurs et étudiants d’accéder facilement à la pratique de ce magnifique instrument au travers de morceaux très connus, non écrits spécifiquement pour le violoncelle, mais pour piano, orchestre, guitare, chant, etc. Quatre questions à Maria Eugenia Maffi sur ses deux transcriptions : - F.D. : On a souvent reproché au premier transcripteur du Concerto n°1 (Richard Hofmann chez Schlesinger, Paris, 1833) de n'avoir donné aux cordes du quintette que les parties de l'orchestre sans les adaptations nécessaires. Plusieurs musiciens ont tenté de réviser cette approche. En quoi votre travail est-il novateur ? - M.E. M. : Pour la transcription des deux concertos de Frédéric Chopin j’ai ainsi procédé : tout en respectant les parties des cordes d’orchestre, j’ai conservé toutes les interventions des instruments à vent ayant une importance structurelle et mélodique en les confiant aux cordes dans la même tessiture et au timbre analogue, en les reliant aux phrases qui les précèdent et les suivent. F.D. : Brahms et Paderewski avaient révisé les articulations et phrasés de la partie de piano des précédentes éditions de ces Concertos. Quel fut le traitement que vous avez apporté au texte original de Chopin ? - M.E.M. : Etant donné que le but de mon travail était de rendre les œuvres en question jouables par une formation de chambre, pour ce qui concerne la partie du piano, elle reste, absolument inchangée. - F.D. : Quelles sont les différences esthétiques entre l'orchestration jugée peu flatteuse ou "maladroite" et la version de musique de chambre ? M.E.M. : Malgré toutes les différentes appréciations et critiques de l’orchestration de Frédéric Chopin, je pense que la version originale garde tout son charme même avec ses éventuelles faiblesses. Compte tenu de la finalité de mes transcriptions je n’ai jamais voulu comparer les versions symphonique et de chambre du point de vue esthétique. - F.D. : Avez-vous une préférence pour la version chambriste ? - M.E.M. : Ma formation de violoncelliste me porte à avoir une préférence pour la version de chambre, qui donne la possibilité de goûter les œuvres dans une ambiance intime et recueillie, comme on a pu l'apprécier lors de la récente exécution, de mes transcriptions au Théâtre des Variétés à Monaco le 17 février 2010. Je tiens à remercier chaleureusement Monsieur Christophe FELIX des Editions Robert Martin de m’avoir donné la possibilité de publier mes transcriptions, en cette année du bicentenaire de la naissance de Frédéric Chopin, ces deux chefs d’œuvre de la musique romantique. A DÉCOUVRIR : - l'introduction du Concerto n°1 dans la version originale pour orchestre : Krystian Zimerman, Polish Festival Orchestra, DGG - l'introduction du Concerto n°1 dans sa version "chambriste" originale selon les premières éditions publiées selon le manuscrit perdu du compositeur : Fumigo Shiraga, le Quatuor Yggdrasil et Jan-Inge Haukas, contrebasse, Bis records - Le pianiste Daniel Barenboim et l'Orchestre Philharmonique de Berlin dans un extrait du Concerto n°2 : |
F.D. |