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LE EASTMAN WIND ENSEMBLE La révolution U.S. de 1952 pour Ensemble à vent

Il y a des dates qui marquent un point de césure, un départ vers une évolution importante. Ceux qui aiment l’Orchestre à vent se doivent de retenir un évènement de l’année 1952. Cela faisait plusieurs années que l’idée trottait dans les méninges d’un percussionniste, qui avait joué sous la direction de John Philip Sousa aux débuts des années 30, et s’était lancé dans la direction d’orchestre avec grand sérieux au point de traverser l’atlantique et d’aller étudier avec les grands kappelmeister germaniques (l’histoire évoque une rencontre avec le mythique W.Fürtwangler…). Cet homme de petite taille mais à l’énergie créatrice débordante se nomme Frederic Fennell, né en 1914 à Cleveland (Ohio). à gauche sur la photo ci-dessous. La légende affirme que c’est lors d’une période de repos forcé, suite à une maladie infectieuse, en entendant les vents calamiteux, en termes d’intonation, de l’orchestre symphonique de son université, qu’il eut l’idée de fonder un ensemble à vent (et percussions), autonome des cordes, et qui devait s’établir tel un véritable orchestre de concert. Sans la connotation de Band ou Marching Band destinés, à l’aide de marches, à animer la vie estudiantine sur les terrains de football. Ainsi, était né, à l’Université de Rochester (Etat de New-York), le Eastman Wind Ensemble. Les premières répétitions furent données en septembre 52 et c’est en février 1953 que le public découvrit lors d’un concert inaugural, les possibilités expressives et techniques des vents. Le programme composé à cette occasion par Fennell s’appuyait sur différents effectifs : du petit ensemble de musique de chambre à un orchestre de 45 pupitres (l’actuelle nomenclature de l’Harmonie à l’américaine). Ainsi furent présentées la Symphonie pour instruments à vent de Stravinsky, Les Equale pour ensemble de trombones de Beethoven, des transcriptions de Motets de Lassus et des pièces de Carl Ruggles pour Ensemble à vent. Accents modernes car le propos de Fennell était simple : pour donner une légitimité à ce type de formation, il fallait un répertoire original. La diffusion d’un concert sur les Ondes de la NBC aida la nouvelle phalange à trouver des contributeurs de renom. Il faut préciser que le début de ces années 1950, aux États-Unis, furent très prolixes pour l’avènement de l’Orchestre à vent dans son format de concert. La Musique de l’Armée de Terre US avait pu créer en 1951 la Symphonie  en si bémol de Paul Hindemith. Cela en faisant grincer des dents les anciens adeptes des Marches de Sousa qui trouvaient morte et stérile cette vision musicale… Sempiternelle querelle des anciens et des modernes ! Il ne faut pas croire que la création de l’EWE marque l’an 1 de toute existence des orchestres à vent sur le continent américain. Ces orchestres existaient au préalable mais l’âge d’or du Wind Band avec l’établissement d’une nomenclature type et d’un vrai répertoire provient de cette ère Fennell (il faut signaler, quelques années après l’établissement à Rochester d’un ensemble à vent performant, de la création par Robert Boudreau de l’American Wind Symphony. Ainsi fleurirent, sur l’identique période, plusieurs formations qui prirent pour modèle l’idée de Fennell. Le coup de maître de ce novateur fut de profiter du plein essor de l’industrie du disque et de l’avènement du format Long Playing (33 tours). Fennell réussit à convaincre la maison Mercury d’enregistrer la formation de Rochester. Plus de 20 LP mémorables, aux prises de son phénoménales, firent le tour du monde et apportèrent un incroyable renom à Fennell, qui devint le chef spécialisé en direction d’ensemble à vent le plus réputé de la planète. Les enregistrements devinrent des références absolues pour les dizaines de milliers de Wind Band scolaires que l’on trouve aux USA dans chaque école, collège ou lycée ! Les tournées sponsorisées par Kodak, entreprise basée à Eastman permirent à la phalange de s’établir telle la formation de référence pour les ensembles à vent. Après la retraite de Fennell à Rochester, en 1962, fut nommé A. Clyde-Roller qui dirigea l’ensemble pendant deux saisons. C’est en 1965 que Donald Hunsberger relança l’activité de l’EWE. Il demeura presque quarante années à Rochester, apporta de nombreuses transcriptions, perpétua l’activité de commandes et créations d’œuvres et, après la fin d’activité de Mercury, put enregistrer pour la Columbia, repris par Sony. Beaucoup d’entre nous conservent religieusement cet incroyable CD d’airs variés pour cornet et vents gravés magistralement par Wynton Marsalis…  En 2002, s’ouvrit une nouvelle ère avec la nomination au pupitre de Marc David Scatterday, un pur produit de l’Université de Rochester, grand spécialiste du répertoire pour vents qui fait perdurer tout le travail de pionnier lancé par Fennell qui s’éteignit en 2004. (sur la photo présentée : vous pouvez voir les quatre directeurs musicaux successifs de l'EWE !) Le site officiel de l'Eastman Wind Ensemble Écouter légalement des enregistrements de l'Eastman Wind Ensemble

Bach, version Eastman...

F.D.