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Du bruit avant toute chose !

Eloge du silence



douleur-oreille-sifflement-acouphene-bruitC’est une nouvelle qui pourrait surgir de n’importe quelle région du monde. Enfin celle qui a accès au tout confort et modernité (et peut disposer de l'électricité afin de brancher son chargeur). Cela peut sembler anodin, un téléphone portable qui sonne pendant un concert d’un orchestre symphonique. Cela, bien sûr, au pire moment, quand la nuance  sonore la plus fine  est demandée par le compositeur, quand la musique vous invite au plus délicat recueillement et quand une tonitruante (et généralement stupide sonnerie) vient briser une atmosphère travaillée avec soin pendant une heure par des musiciens et un chef. C’est ce qui vient d’arriver au prestigieux Orchestre Philharmonique de New-York, provoquant un scandale sans précédent. A un point tel que le chef, gêné dans sa concentration par le bruit étranger à la partition et qui ne pouvait plus supporter cette sonnerie que ne s’arrêtait pas (le quidam fautif n’a même pas sauté sur son téléphone au moment du méfait…), a apostrophé le rang fautif depuis son podium et a dû prendre la décision d’arrêter l'exécution (au propre, comme au figuré). Un individu inconscient qui gâche un moment de grâce partagé par plusieurs centaines de personne. C’est en quelque sorte la définition du parfait acte égoïste au sein de la collectivité. Évidemment, il n’y a pas mort d’homme comme l’on dit. Le fautif n’est pas le pire criminel de la Terre… Son sonotone était peut-être mal réglé ? Mais cet acte déstabilisateur est symptomatique de cette société qui ne sait plus distinguer le bruit du son (vaste débat chez les musiciens et créateurs de notre temps…) et qui a du mal à accepter la notion de partage et de respect dans une vie en collectivité. Je ne vais pas détailler les occurrences de ces pollutions sonores, cela pourrait me faire passer pour un râleur invétéré : sonneries dans les lieux publics, comme au cinéma par exemple, personnes qui parlent à voix haute pendant une séance – toujours au cinéma – pour nous faire partager des commentaires généralement essentielles à l’élévation spirituelle, fêtes dans un immeuble où un équipement stéréo présente sa toute puissance, baladeurs numériques à fond dans une rame de métro, cela malgré des écouteurs (je n’ose imaginer l’état des oreilles !), discussions téléphoniques à trente centimètres de distance dans le bus pour savoir qui apporte le pain le soir pour le dîner, agités du klaxon… Bref, vous ajouterez vos griefs à ma propre liste de frustration sonore :  le monde est devenu un amas de bruit. Le pire est que nous sommes habitués à cela, peu se bouchent les oreilles ou se plaignent des nuisances sonores. Pourtant, il est médicalement prouvé que cet environnement agité des décibels est nuisible à la bonne santé psychique de tout être humain.
Ou alors nous sommes tous devenus sourds !
Il faudrait ajouter à cet accident de portable new-yorkais, les crises de toux qui surgissent étrangement pendant les concerts (vous entendez les gens tousser dans la rue ?)… Je me souviens d’un acte de barbarie sans nom, celui de ce monsieur (d’un certain âge et non issu des banlieues) qui a toussé tel un buffle, vraiment au mauvais moment, pendant la conclusion d’un mouvement lent d'une Symphonie, provoquant la fureur du chef d’orchestre qui s’est retourné brandissant un mouchoir. Car, évidement, en plus de la pollution sonore, l’individu en question, possède certains soucis d’éducation, ou alors avait des  problèmes d’arthrose afin de placer une main devant de sa bouche… Quand le terme éducation rejoint le mot correction. Et tout cela au moment où un film muet est prêt à rafler des Oscars ! C'est un comble ! Étrange paradoxe. Vite, mes boules "Quiès" et une audition « à fond » les décibels de la pièce de John Cage 4’33

Une tonitruante exécution de 4'33 de John Cage :



F.D.