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vrombissement intempestif ! |
Après les trompettes bibliques qui font tomber les murailles, celles de la renommée bien mal embouchées si j’en crois Brassens, celles qui signalent la fin des combats, voici celles que vous ne pouvez éviter en cette période de jeux du cirque planétaire à ballon rond : j’ai nommé la tonitruante, surpuissante et arrogante, la vuvuzela. Tout cela a commencé de bien étrange manière pour mes sensibles trompes d’Eustache avec ce moment où, en contemplant la prestation des nouveaux dieux du stade depuis le pays de Mandela, sur un petit téléviseur prêt à rendre l’âme (de marque européenne sans composant chinois, c’est pour dire l’âge de l’objet) ; j’ai bien crû que ce modeste récepteur d’un autre âge n’allait pas supporter les errances flegmatiques de notre équipe nationale et, en signe de protestation, émettait un bourdonnement digne d’un régiment d’hélicoptères de combat accompagnant une chevauchée wagnérienne. Après quelques vérifications de base à la française, c'est-à-dire, un délicat soufflet sur le flanc du récepteur, j’ai commencé à saisir que les ingénieurs du son présents sur les stades avaient intérêt à sérieusement protéger leurs oreilles. Non, l’Afrique du Sud ne connaissait pas une invasion d’insectes géants. Un plan large sur les supporters dans la tribune a révélé la faille. La foule en délire et en douleur soufflait à s’en décoller la plèvre dans une sorte de trompette en plastique version antique. Le commentateur officiel affirmait tout en hurlant dans son micro que ces vuvuzelas traditionnelles – tel est le nom de l’objet du crime – pouvait atteindre les 130 décibels, soit le modeste bruit d’un réacteur d’un Airbus ou Boeing au décollage ! Donc, en plus de perdre une partie de son cerveau, on peut maintenant devenir sourd avec le football ! Entracte, enfin, mi-temps comme l’on dit chez les spécialistes. La publicité est toujours aussi assourdissante, vous connaissez le truc de relever le niveau sonore pour bien imprimer votre cerveau de la marque que vous placerez automatiquement dans le caddie sans même vous en rendre compte, mais le bourdonnement intempestif a disparu… Fin du match. Commentaire du voisin : « pas terrible hein ? ». Réponse, le cornet acoustique dressé : « Comment ? ». Depuis maintenant plus d’une semaine, cette trompette à en faire tomber les murailles d’un stade et à en faire gonfler le tiroir-caisse des prothésistes auditifs est partout dans les médias (la preuve…), fait l’objet de tout les débats : pour ou contre, les organisateurs de la Coupe du Monde demande son interdiction, l’association des défenseurs des esgourdes en appellent au pouvoir public… Tiens, tiens : dans le monde du tout bruit, du « plus haut, plus loin, plus fort » où quand les baladeurs numériques rendent sourds une bonne partie de la jeunesse, et quand les stress des citadins est à son comble avec le bruit incessant des mégalopoles : on commencerait à s’inquiéter des ravages de la pollution sonore ? Comme dirait Beethoven : c’est pas trop tôt ! |
F.D. |