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Lyon, Musique de l’infanterie Devient Musique de l’artillerie |
En Janvier dernier, la Musique de l’Infanterie, basée à Lyon, a participé au grand défilé militaire en Inde à l’occasion de la fête nationale, le Republic Day à Delhi, anniversaire de la Constitution du pays proclamée en 1950. Une première pour une Musique française. En septembre prochain, la Musique de l’Infanterie devient Musique de l’Artillerie. Nous abordons cette actualité dans un entretien avec le Chef de Musique Principal Jean-Claude Leberruyer. - Pour quelles raisons les autorités militaires ont-elles fait le choix d’envoyer votre formation en Inde ? Juste avant le défilé de la fête nationale indienne s’est déroulé un exercice franco-indien, intitulé « Shakti 2016 ». Celui-ci a eu lieu dans le désert du Rajasthan avec une compagnie du 35ème Régiment d’infanterie de Belfort. C’est donc dans un souci d’homogénéisation que la musique de l’infanterie a été désignée pour rejoindre les « gaillards » du 35ème RI et les préparer à cet évènement historique. - Avez-vous été prévenu longtemps à l’avance ? Nous avons été prévenus un mois avant notre départ, ce qui est un délai un peu juste mais suffisant pour en effectuer les modalités. Le coordonnateur de la musique de l’infanterie fut chargé de toute la préparation administrative et logistique, celles musicale et technique étant de mon ressort bien que responsable de la globalité du déplacement. A titre d’exemple il faut prendre contact avec l’attaché de défense en Inde, faire les demandes de visas, les formulaires de douanes pour le fret, les vaccinations … etc. - Pendant votre séjour en Inde avez-vous eu le temps de nouer des contacts avec les formations musicales militaires à Delhi ? Peu de contacts mais de grandes qualités. Nous avons ainsi pu faire une aubade (alors qu’elle n’était pas prévue initialement) après la répétition générale du « Beating the retreat », qui est une cérémonie musicale grandiose regroupant toutes les musiques indiennes qui participent au défilé. Cette cérémonie est issue de la tradition musicale militaire britannique, à qui l’armée indienne emprunte beaucoup. - Le temps de répétition pour le défilé qui s’étend le long du Rajpath, la grande avenue qui traverse le centre de Delhi pour se poursuivre jusqu'à l'India Gate, où est érigé un mémorial des soldats inconnus a dû être conséquent ? Il aura fallu plusieurs répétitions en effet pour que tout s’harmonise au mieux. Nous avons défilé sur une distance de 1600 m environ que nous avons dû arpenter plusieurs fois au cours de ces nombreuses répétitions afin d’obtenir le résultat final. Des répétitions de « détails », internes au contingent français, ont été menées parallèlement aux répétitions d’ensembles avec tout le dispositif indien composé de 7000 hommes et femmes dont 14 musiques militaires des trois armées dont les effectifs oscillaient entre 50 et plus de cent exécutants représentant approximativement 1500 musiciens. - Le tempo des musiques militaires indiennes est-il différent du nôtre ? Le tempo de défilé pour l’armée indienne est de 120 pas/minute alors que le nôtre est de 112 voire 116 pas/minute. La différence est minime et, comme disent les gars du 35, « pressons le pas mes gaillards ! » - L’adaptation a-t-elle été facile pour les musiciens français ? Les musiciens militaires français sont habitués à défiler du pas légion, 88 pas/minute, au pas chasseur, 132 pas/minute, ils ont donc tendance à s’adapter naturellement et rapidement au pas proposé. - Quel répertoire français interprété a-t-il été apprécié ? Nous avons défilé avec « Saint-Cyr » et « Sambre et Meuse » pour les répétitions et le jour J, ces morceaux ont été très appréciés, en particulier grâce aux clairons et tambours qui marquent la tradition des musiques militaires françaises. - Avez-vous eu la possibilité de faire un concert ou une parade ? Outre l’aubade du « Beating the retreat » déjà dépeinte nous avons également pu faire une présentation d’instruments et une aubade au Lycée français de New-Delhi, ainsi qu’une aubade pour la Garden party dans les jardins de l’ambassade de France en présence du Président de la République. Nous avons de plus accompagné la cantatrice Aude Priya Wacziarg Engel pour l’exécution de la Marseillaise. - Avez-vous une anecdote illustrant ce voyage en Inde ? Je peux citer notre ébahissement en découvrant lors de la répétition générale du défilé « The Border Security Force (BSF) music band » [Musiques des gardes-frontières] dont les musiciens se produisent à dos de chameau ! Quel exploit mais aussi quelle prestance ! La musique de l’infanterie est composée de 52 musiciens dont 14 EVAT (Engagé Volontaire de l’Armée de Terre), 36 sous-officiers et deux officiers chefs de musique. Nous sommes tous des musiciens professionnels, le pourcentage des contractuels représente 50% de l’effectif. Pour la musique de l’infanterie le recrutement est clos pour 2016. - C’est le conservatoire militaire de l’armée de Terre qui gère vos recrutements ? Le Conservatoire Militaire de Musique de l’Armée de Terre gère, via sa cellule Ressources-Humaines, le recrutement de toutes les musiques de l’armée de terre, hormis la musique de la légion étrangère qui a un recrutement spécifique. - Comment s’organise les multiples activités de votre formation, répétitions et concerts en orchestre d’harmonie et travail pour la préparation de Parade (Formations dynamiques en Show) ? Changez-vous régulièrement les « chorégraphies » et qui en est le responsable ? Une progression d’activité hebdomadaire est décidée chaque semaine en fonction des missions déjà programmées. Viennent ensuite se greffer sur ce planning les séances de répétitions pour chaque ensemble, sans négliger des plages de travail individuel ou par pupitres. Il faut de plus consacrer une large place au sport, qui dans le cursus de carrière, est indissociable à la réussite aux différents examens. Concernant la parade, le responsable de son élaboration et de sa mise en œuvre est le tambour major de la musique. Elle est renouvelée en règle générale pour un tiers chaque année. Ce petit clin d’œil était dû au chef adjoint de l’époque, violoniste de formation. Dans la mesure du possible nous essayons toujours de mettre en valeur les instruments peu représentés au sein des armées. Il faut pouvoir saisir les occasions, cela apporte un plus indéniable et une fraicheur intéressante. - Vous maintenez également trois bugles que ce soit en formation dynamique ou au sein de l’orchestre d’harmonie. Héritage d’une nomenclature d’orchestre d’harmonie à la Française ? C’est à la fois pour équilibrer l’orchestre et pour apporter un timbre différent. Les petits cuivres au complet représentent 20% des effectifs de la musique de l’infanterie et sont répartis entre les pupitres des trompettes d’harmonie, les cornets à pistons et les bugles. De plus ces musiciens sont polyvalents dans l’orchestre de « Batterie-Fanfare » qui demande des clairons et des trompettes de cavalerie. - La Musique de l’Infanterie se démultiplie en diverses formations, Harmonie, Batterie-Fanfare, et ensembles de musique de chambre. Les musiciens apprécient sans doute ces multiples activités artistiques ? Nous proposons actuellement divers « petits ensembles » pour animer des prestations de prestige ou de détente. Ils interviennent sous différentes formes : « Quintettes de cuivres ou à vent », « Quatuor de saxophones », « Ensemble de percussions » et ensemble de jazz « Dixieland ». Cela permet aux musiciens de travailler dans une autre ambiance et en petits groupes. Ils s’épanouissent différemment. Tous ces ensembles sont complémentaires du grand orchestre d’harmonie. - L’ensemble Dixieland se forme-t-il également en Big band ? Pour l’instant ce n’est pas le cas. - La Musique de l’Infanterie devient en septembre prochain La Musique de l’Artillerie. Pour quelles raisons ? Quelles seront les conséquences ? En effet, et c’est d’importance, la musique de l’infanterie devient le 1er septembre 2016 « Musique de l’Artillerie ». C’est une décision relative à la dernière réorganisation des musiques militaires voulue par le chef d’état-major de l’Armée de Terre. Le but est de rapprocher géographiquement les musiques et leur école d’arme, à savoir Draguignan pour ce qui est de l’artillerie. Jusqu’à présent, la musique de l’artillerie était basée à Rennes. C’est un changement d’appellation qui ne remet pas en cause notre implantation géographique ni notre rayon habituel d’action : le quart sud-est de la France. - Quels sont vos projets pour la Musique. Avez-vous un enregistrement de prévu ? Nous aimerions enregistrer un CD à l’automne prochain lorsque nous aurons changé d’appellation. Le contenu est encore confidentiel. Il nous est demandé aussi de devenir la musique de référence du répertoire de la période napoléonienne. Nous étudions actuellement cette nouvelle orientation et son incidence sur nos futures activités de prestige. Photos du défilé « Delhi ©Indian Army » Photos « ©Musique de l’Infanterie ». Contact Musique de l'artillerie Major sous-chef de Musique Hervé Blanluet Quartier Général Sabatier BP41 69007 Lyon 04 37 27 17 72 04 37 27 17 72 |
Y.R. |