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Jérôme Laran

Président de l’A SAX



jerome laran asax
Questions à Jérôme Laran,
Saxophoniste, Président de l’A SAX

En juillet 2015, vous étiez à titre personnel comme saxophoniste et en qualité de président de l’Association des SAXophonistes, pleinement investi au côtés de Philippe Geiss, de Claude Delangle, de Marie-Bernadette Charrier, et bien d’autres saxophonistes de renom dans l’équipe artistique et d’organisation du 17ème congrès et festival mondial du saxophone à Strasbourg. Un événement prodigieux qui a réuni des milliers de saxophonistes à Strasbourg venus du monde entier, parrainé par Jean-Marie Londeix et Branford Marsalis.
Quels souvenirs marquants retenez-vous de ces journées passées à Strasbourg en juillet 2015 en l’honneur du saxophone ?

Ce congrès intitulé « Saxopen » fut mémorable à de nombreux égards! Tout d’abord, il était le premier à véritablement prendre en compte la diversité au niveau stylistique du saxophone d’aujourd’hui et à assurer un véritable éclectisme de la programmation. Cela peut en partie expliquer le record de propositions auquel nous avons dû faire face…la programmation fût donc riche et en continu avec plusieurs projets d’envergure dont un concert mémorable réunissant plus de 100 jeunes venus de toute l’Europe (coordination de Nicolas Prost). La fréquentation fût exceptionnelle avec plus de 25000 personnes…

Votre engagement comme président de l’association A.Sax démontre votre volonté de rassembler les énergies. Quel est le point de départ de cet engagement collectif, vous qui développez une carrière de concertiste international ?
Suite à mon passage dans la classe de Philippe Lecocq au C.R.R de Toulouse au début des années 90, je suis devenu membre tout à fait naturellement d’une association de saxophonistes. Les récents changements au sein du bureau de  l’A.Sax m’ont permis de devenir président en septembre 2014 après avoir été membre du conseil d’administration. J’assume cette fonction avec beaucoup d’enthousiasme désirant perpétuer la tradition historique de cette association (fondée en 1971) tout en se projetant vers le futur.

Votre formation au CNSM de Paris dans les années 2000 auprès de Claude Delangle, professeur éminent et saxophoniste qui a réussi la synthèse des différents styles et écoles, et qui a également longtemps présidé une des associations de saxophonistes, est-il votre modèle ?
La classe de saxophone depuis son ouverture en 1942 est un passage privilégié pour de nombreux saxophonistes dans le monde entier. C’était pour moi un rêve d’y entrer et de travailler avec Claude Delangle.  J’ai eu ce privilège durant 5 années et je suis maintenant très heureux d’être en mesure de développer ma carrière au niveau international.

L’A.SAX est née de la fusion de deux associations.
L’AsSaFra (Association des Saxophonistes de France), créée par Jean-Marie Londeix en 1971). Première association reconnue d’instrumentistes au monde. L’association américaine de saxophonistes la N.A.S.A ne sera constituée qu’en 1972. Qu’a apporté l’AsSaFra ?

L’AsSaFra, présidée par Mr Londeix jusqu’en 1991, fût créée en 1971 après le Congrès Mondial de  Chicago afin de rassembler dans un premier temps le maximum de saxophonistes français et d’organiser des projets communs. Elle avait pour but principal la promotion du saxophone mais a également susciter des commandes d’œuvres à de nombreux compositeurs d’envergure (M. Constant, D. Donatoni ou B. Jolas notamment). Elle a également grandement contribué au changement de la situation du saxophone en France en devenant un partenaire incontournable auprès des pouvoirs publics.

Vous insistez sur le fait que dans les années 1970, les classes de saxophones dans les conservatoires n’étaient pas toujours tenues par un saxophoniste spécialiste mais par un enseignant flutiste, bassoniste, ou clarinettiste… Il fallait faire reconnaitre l’enseignement spécialiste du saxophone à l’époque ? Quelle fut l’influence de cette association ? Le Certificat de professeur, par exemple ?
Le saxophone n’étant pas présent dans la nomenclature de l’orchestre symphonique romantique, il a toujours fallut défendre son enseignement « classique »  dans les conservatoires afin de former des élèves de bon niveau. L’AsSaFra a bien sûr beaucoup pesé à cette époque en servant de porte parole à toute la profession et en lui donnant une plus grande légitimité. Cela a bien sûr débouché sur  l’organisation des concours de professeurs par exemple mais pas seulement. Des concours d’un autre type ou des festivals ont également été organisés afin de dynamiser la pratique de l’instrument.  L’A.Sax continue bien entendu dans cette lignée et prépare à l’heure actuelle des journées de réflexion sur l’évolution de la profession.

Le 30 novembre 1996, les deux associations A.P.E.S. et AsSaFra fusionnent. Qui en fut à l’initiative et dans quels buts ?
L’A.P.E.S avait été créée en septembre 1983 par Serge Bichon. Pendant 13 ans les 2 associations vont cohabiter. Cette fusion a pu voir le jour grâce au rapprochement opéré depuis quelques années par les deux présidents (C. Delangle pour l’A.P.E.S et S. Bertocchi pour l’AsSaFra).
Les buts étaient :
-       la promotion de la musique pour et avec saxophone(s) sous toutes ses formes ;
-       l’incitation à l’écriture et à la création d’œuvres pour ou avec saxophones ;
-       l’action culturelle grâce au saxophone dans tous les milieux sociaux ;
-       la défense du saxophone et des saxophonistes.

Vous établissez une charte qui détaille les orientations de l’association. Quelles sont-elles ?
• L’A SAX se doit d’être la vitrine de tous les saxophonistes, un portail de rencontres, d’échanges, de diffusion, de mémoire, un lieu incontournable au service du plus grand nombre.
L’A SAX est l’association de tous les saxophonistes, du débutant au professionnel. Elle est ouverte à de toutes les esthétiques.
L’A SAX propose aujourd’hui à ses adhérents et partenaires, des outils et des actions qui évoluent.
Une répartition du territoire français par zones est envisagée, afin de mieux coordonner les actions et de faciliter la stratégie de développement du réseau.
• Le référencement d’un réseau des associations représentatives au niveau national ainsi que les échanges avec plusieurs associations internationales sont favorisés.
• Les moyens de communication numériques sont privilégiés afin d’assurer une meilleure proximité et une meilleure réactivité du réseau, tout en préservant équilibre, diversité et qualité des contenus.
Une numérisation de toutes les publications existantes de l’A SAX accessibles est en cours (cahiers A SAX, cahiers antérieurs ASSAFRA, tous les documents écrits publiés par les associations de saxophone en France) etc., dans une optique de conservation, d’archivage.
• Les nouveaux visages du milieu musical qui entourent le saxophone sont encouragés à dynamiser l’A SAX et son équipe.

cahier12 saxophoneVous insistez sur la documentation et son archivage. Les associations antérieures ont publiés des bulletins et cahiers du saxophone que vous mettez en ligne pour les adhérents. Pensez-vous que les jeunes saxophonistes s’intéressent au passé ?

La numérisation et l’accès instantané aux ressources me semblent incontournables de nos jours. Les jeunes saxophonistes ont très certainement des préoccupations différentes des nôtres mais sont bien plus aguerris dans le maniement des outils d’aujourd’hui. L’A.Sax se devait d’opérer une profonde mutation et de moderniser sa communication afin de répondre à toutes les attentes et à celles des jeunes en particulier.

Vous misez sur le numérique et le site de l’Association fourmille de liens. Notamment un espace sur la présentation de partitions de multiples éditeurs. Comment alimentez-vous cet espace ?
Le travail est bien entendu collégial mais chaque rubrique possède son référent.
Mon collègue Stéphane Sordet (professeur au C.R.R de Brest) s’occupe plus particulièrement de la présentation des partitions. Il alimente chaque jour le site internet et le compte facebook de l’association avec une ou plusieurs partitions que nous recevons ou que nous suscitons. Cela afin  de permettre au plus grand nombre de découvrir en « avant-première » les nombreuses nouveautés sans distinction de style ou d’époque !

Comment convaincre un saxophoniste d’adhérer ? Quel plus y trouvera-t-il ?
Notre objectif étant de devenir l’association francophone la plus représentative, nous sommes devenus très présents sur le web et les réseaux sociaux afin de relayer le maximum d’informations. Le coût annuel étant somme toute  symbolique (12 euros pour un étudiant/amateur et 30 euros pour les professionnels), l’appartenance à cette association reste un acte avant tout symbolique pour faire partie d’une communauté. Nous tâchons de répondre à toutes les attentes qui évoluent au fil des époques et des modes. L’association se veut être le reflet de ses membres et continue donc a évoluer vers de nouveaux horizons.

Les saxophonistes amateurs peuvent-ils être concernés par l’A SAX ?
Bien évidemment ! Une très importante part de nos adhérents vient du monde amateur très dynamique depuis de nombreuses années. Une de mes premières initiatives a été de m’adresser à eux en dynamisant plusieurs rubriques et en développant une mise en réseau avec la Confédération Musicale de France.
Vous avez une grande expérience de l’international à travers vos tournées en récital, saxophone et piano ou comme soliste invité d’orchestre. Quel regard portent les musiciens étrangers sur la France musicale et saxophonistique en particulier ?

Le mouvement associatif est-il à l’étranger toujours aussi important ?
Les associations aux U.S.A (N.A.S.A) et au Japon (J.S.A) sont des institutions incontournables avec une riche histoire et de nombreux adhérents. D’autres pays n’en possèdent toujours pas ou viennent de la créer comme en Hongrie ou à Taïwan. Le saxophone est très dynamique et très bien joué dans de nombreux pays du monde et le modèle de l’École Française initié par Marcel Mûle reste prépondérant. La France reste toujours une des destinations privilégiées pour de nombreux étudiants étrangers et jouit toujours d’une forte reconnaissance en termes de niveau et d’exigence.
 
Vous enseignez au CRD d’Aulnay Sous Bois et au Conservatoire du 12ème arrondissement de Paris. Vos grands élèves qui se destinent à une orientation professionnelle ne sont-ils pas inquiets du manque de débouchés professionnels ?
Mes étudiants sont bien évidemment inquiets par cette situation…la problématique étant la  même depuis de nombreuses années ! Les choses ont tendance à être plus complexes de nos jours avec les restrictions économiques au niveau des collectivités territoriales notamment. Un grand effort a pourtant été fait au niveau de la formation des étudiants d’aujourd’hui et la mise en place des Pôles Supérieurs d’Enseignement Artistiques.

Les classes de saxophone dans les écoles et conservatoires se portent-elles bien. Le recrutement de nouveaux élèves est-il satisfaisant ?
On assiste, comme beaucoup d’autres disciplines, à un changement des mentalités de nos élèves. Le raccourcissement des études au sein des conservatoires (un cycle parfois) n’est plus une rareté. Le saxophone reste encore un des instruments privilégiés dans nos écoles de musique et c’est tant mieux. L’organisation d’événements ainsi que le dynamisme de l’ensemble reste fondamental !

Avez-vous des élèves saxophonistes étrangers dans vos classes ? Que recherchent-ils qu’ils ne trouvent pas dans leurs pays d’origine ? Seront-ils des ambassadeurs de l’A SAX pour conserver les liens entre les différentes écoles internationales ?

Ma classe compte actuellement 10 étudiants étrangers (Japon, Taïwan et Portugal). La plupart d’entre eux venant en France pour travailler dans ma classe afin de se perfectionner, développer des nouvelles aptitudes, travailler des répertoires particuliers…Ils sont pour la plupart membres de l’A sax et se sont produit dans plusieurs de nos événements. J’essaye de les sensibiliser à mon niveau à l’importance de développer des réseaux de saxophonistes.

Quelles sont les événements artistiques auxquels l’A SAX va collaborer prochainement ?
L’A.SAX sera partenaire de la journée « Saxenfolie » qui sera organisée le 19 novembre prochain à Angers par Opus 49. Nous serons également présent lors des « Fous du Sax » le 11 décembre à Roubaix puis le 21 janvier 2017 aux « Folles journées du sax » organisées par Nicolas Prost à Saint Maur des Fossés.

A titre personnel, en 2015 est sorti votre deuxième album Hikari, avec le pianiste Michaël Ertzscheid. Avez-vous un projet d’enregistrement ? Vos prochains concerts ?
Un nouveau disque est prévu pour la fin de l’année 2017. La thématique sera totalement différente avec des œuvres plus « crossover ». Je reste toujours très actifs avec des concerts et Master-Class en Italie, Pologne, Angleterre, Japon, Taïwan à venir…

Association des Saxophonistes A.SAX.FR
Y.R.