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Évolution ou Révolution pour les Conservatoires ? |
Dans les conservatoires classés par le ministère de la culture en fonction de leur rayonnement, départemental ou régional CRD ou CRR, l’orientation professionnelle des jeunes musiciens, danseurs ou comédiens est au cœur d’une évolution qui ne cesse de nous interroger depuis plus de quinze ans. En effet, dans le cadre de l’acte II de la décentralisation une première loi votée le 13 août 2004 (libertés et responsabilités locales) avait pour but de définir entre les différentes strates publiques (État et Collectivités territoriales, Région, Départements, vile et intercommunalités) la responsabilité structurelle et financière de la gestion des établissements publics d’enseignement artistique. A l’époque, l’article 101 de la loi en modifiant le Code de l’éducation redéfinissait le champ de compétence : l’État finançait l’enseignement artistique supérieur et laissait aux collectivités la charge et le financement de l’enseignement initial. Cela préfigurait la mise en place des Pôles Supérieurs en région venant compléter l’offre de formation en musique des deux CNSMD - Paris et Lyon. Pour faire la soudure entre enseignement artistique initial et supérieur, la loi de 2004 créait un Cycle d’enseignement professionnel initial (le CEPI) sanctionné par Diplôme national d’orientation professionnelle à destination des élèves en fin de parcours dans le CRR et CRD. Ce dernier cycle du cursus devait remplacer les appellations : Cycle spécialisé, Perfectionnement et autres sigles non normalisés (médaille et prix). Par la loi, les Régions devaient organiser et financer le CEPI, soulageant ainsi les collectivités de base, municipales ou intercommunales gestionnaires directes des CRR ou CRD. L’Etat restant garant de la délivrance du diplôme national associé, le DNOP. Malheureusement, les Régions, à l’exception de celle du Nord et de Poitou-Charentes, refusèrent cette charge laissant les conservatoires faire perdurer dans le meilleur des cas pour l’orientation professionnelle, les cycles spécialisé et de perfectionnement et la délivrance d’un diplôme d’établissement et à valeur non nationale comme le DEM ou DEC (diplôme d’études musicales ou chorégraphiques). Le décret daté du 2 mai 2017 et l’arrêté du 5 janvier 2018 précisent les conditions d'agrément et de labellisation des établissements. Le schéma d’orientation pédagogique pour les disciplines Musique, Danse et Théâtre doivent être réactualisés par la Direction générale de la création artistique (DGCA) intégrant dans le cursus ces nouvelles « Classes préparatoires » à l’enseignement supérieur. La place du diplôme national doit être également précisée tout comme son niveau de reconnaissance. Depuis une dizaine d’années, le modèle français basé sur les conservatoires et les seuls CNSMD a connu une profonde mutation avec l’apparition de la dizaine de Pôles Supérieurs préparant au Diplôme national supérieur professionnel de musicien et l’intégration dans le système Licence, Master, Doctorat. La durée des études artistiques s’est trouvée fortement élargie. La majorité des professeurs des CNSMD proches de la retraite ont été eux-mêmes élèves en moyenne trois années dans ces mêmes établissements. Leurs jeunes étudiants d’aujourd’hui feront souvent après l’obtention d’un ou plusieurs DEM et Prix de perfectionnement au minimum cinq années d’études supérieures pour obtenir le grade de Master voire sept ou huit années pour viser un doctorat instrumental. La reconnaissance et le positionnement du Diplôme d’études musicales (DEM) qui n’est pas pris en compte au Répertoire national des certifications professionnelles posent question. Quel est l’avenir de ce diplôme et de son éventuellement remplacement par un nouveau diplôme national ? Quelles structures, publiques et privées, seront labélisées pour le délivrer ? Dans quelle temporalité ? Qui financera ces « classes préparatoires » ? Toutes ces questions restent actuellement en suspens. Aux dernières nouvelles, rien ne sera mis en place avant la rentrée de septembre 2019. La loi Création, Architecture et Patrimoine, instaure la reconnaissance tant attendue du statut d’étudiants pour les élèves bacheliers en parcours de préprofessionnalisation à la condition que leurs CRR et CRD soient habilités à dispenser un enseignement préparant à l’entrée dans les établissements d’enseignement supérieur de la création artistique dans le domaine du spectacle vivant. Il faudra encore aux « grands » élèves des Conservatoires en attente d’entrer dans l’enseignement supérieur artistique une bonne dose d’espoir en l’avenir. |
Y.R. |