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LA SYMPHONIE n°3 de John CORIGLIANO Un peplum pour Orchestre d'Harmonie ! |
A l'instar de bon nombres de ses collègues compositeurs formés dans les universités américaines, John Corigliano, (né en 1938) a intégré, dans son corpus, l'écriture pour Orchestre d'Harmonie. Par son aisance à manier différentes langues musicales, ce créateur bien ancré dans son temps présent pourra agacer ceux qui aiment classer la grande et la petite musique ou encore, opposer la musique savante à la musique populaire. Il peut composer un opéra selon la norme classique (The Ghosts of Versailles), tout en soulignant l'importance de la culture pop music dans l'art contemporain (Seven Poems on Bob Dylan). Corigliano, ce nom vous dit peut-être quelque chose. Ce patronyme est connu des cinéphiles (il composa la musique du Violon rouge) et les passionnés de Leonard Bernstein se souviennent d'un jeune homme qui était en cabine, dans la régie, lors des Concerts pour les jeunes, donnés en direct à la télévision par l'Orchestre Philharmonique de New York (d'ailleurs papa Corigliano était violon solo de la prestigieuse phalange !). C'est en 2004 que fut achevée sa Symphonie n°3, destinée à un grand ensemble à vent, à l'épique nom de Circus Maximus. Il ne faut pas se méprendre, cette ambitieuse symphonie de 35 minutes ressemble en peu de points à la musique de Ben-Hur ou aux ambiances romaines imaginées par un Respighi dans ses poèmes symphoniques. L'effet cinemascope reste présent mais le décor planté est nettement plus moderne. Mais ce Circus Maximus n'est qu'un prétexte. Une invitation à nous faire comprendre que les jeux du cirque, où quand la plèbe romaine se divertissait par le voyeurisme de scènes de mise à mort n'a guère changé. Autres temps, autres moeurs ? Pas vraiment. Selon Corigliano, cette violence contemplée sous l'ère antique, n'est pas sans rappeler notre manière actuelle de voir le monde, par le prisme du petit écran, ou au final, nous arrivons à regarder les pires atrocités sans grande émotion... Temps de la télé réalité et voyeurisme à outrance... Circus Maximus impose une évolution du traitement de l'Orchestre d'Harmonie. Corigliano demande une spatialisation très précise de l'orchestre. Certains musiciens sont insérés dans les tribunes de l'arène, un Marching Band se déplace dans les gradins, et les effets stéréophoniques ou de "surround" font perdre tout repère à l'auditeur, heurté par les rugissements instrumentaux qui surgissent derrière eux. Cet univers sonore est violent comme les mortels combats des gladiateurs et les stridences et dissonances heurterons les oreilles habituées aux douces mélodies. Les huit mouvements qui s'enchaînent laisseront stupéfaits ceux qui découvriront cette oeuvre. Aux déferlements sonores seront opposés des espaces de calmes. Deux descriptions de vie nocturne, l'une animale, l'autre citadine avec des bribes de jazz aux lointains et la nuit déchirée par les sirènes hurlantes... A l'heure du tout facile et de la génération télécommande, cette partition n'est pas facile d'accès, loin de là, mais on songe aux réactions de surprise (ou de rejets ?) provoquées par la première audition des Dionysiaques de Florent Schmitt, l'équivalent du Sacre du printemps pour les Harmonies. Il faut accepter que le musique pour Orchestre d'Harmonie puisse être aussi dissonante que l'air du temps. L'air de la rue, maintenant, est bien éloignée d'une douce rengaine des faubourgs. Quelques extraits pour découvrir : - I- Introitus - II - Screen / Siren - III- Night Music II - IV- Coda : veritas En complément à cette oeuvre monumentale, le brillant University of Texas Wind Ensemble, dirigé par Jerry Junkin a choisi d'enregistrer une oeuvre plus simple et qui ressemble beaucoup plus au répertoire traditionnel pour harmonie. Une Suite de Danses (Gazebo Dances), composée en 1972, qui pourrait être définie comme le croisement entre l'énergie et la science des couleurs fauves d'un Stravinsky, associées à la rythmique endiablée d'un Bernstein, et au description des grands espaces à la Copland. Pas besoin d'effort sur cette partition facile d'accès, Il faut uniquement savourer les couleurs joyeuses et ludiques de cette courte partition d'un bon quart d'heure. IV - Tarentelle : JOHN CORIGLIANO, Symphonie n°3 "Circus Maximus" et Gazebo Dances The University of Texas Wind Ensemble, direction Jerry Junkin 1 CD NAXOS (distribution Abeille en France) 8.559601. Enregistrements de 2006. Prix de vente (moyenne) : 7,50 Euros en France. A DECOUVRIR SUR INTERNET : la page de l'éditeur SCHIRMER consacrée à John Corigliano. |
F.D. |