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Vers un nouveau monde ? |
Nos sociétés sont saisies par la frénésie du mouvement à tout prix, de la vitesse et de la superficialité. Mais dans cette course folle elles ont transporté et transmis un mal qui aujourd’hui les ont contraintes à l’arrêt. Qui aurait pu imaginer il n’y a pas si longtemps que nous ne pourrions plus être libres de nos mouvements, que notre économie chuterait à ce point, que nous serions privés de ce qui fait nos sociétés, la culture ? Nous sommes sans aucun doute responsables du mal qui aujourd’hui met une grande partie du monde à genoux. Cette crise aux multiples facettes, sanitaire, sociale et économique, s’est répandue telle une trainée de poudre presque partout dans le monde en ce printemps 2020. Elle est effrayante et nous ignorons encore aujourd’hui jusqu’où cela ira. Assurément les conséquences seront terribles, d’un point de vue humain et économique. Personne n’imaginait ou ne voulait croire à un tel scénario. Aujourd’hui nos certitudes s’envolent, nous qui croyions à tort être invincibles. Le monde de la culture va payer un lourd tribut à la crise. C’est un secteur fragile mais ô combien indispensable. Jamais, depuis la Seconde Guerre Mondiale, la culture et les industries culturelles n'ont été touchées aussi durement que depuis l’arrêt imposé par la pandémie. Tous nos théâtres, nos opéras, tous nos orchestres, nos ballets, la plupart encore de nos grands musées sont fermés. Les concerts sont déprogrammés. Les tournées de musiciens sont annulées partout. Et tous nos établissements d’enseignement artistique sont fermés jusqu’à nouvel ordre. Le milieu international de la musique est touché de plein fouet. Même les librairies ont baissé le rideau durant le confinement. C’est là que nous mesurons à quel point la culture tient une place importante dans nos vies. Jamais nous n'aurions imaginé en être privés un jour. Après cette trêve forcée, qu’est-ce qui aura changé ? Une chose sans doute : la croyance en notre toute puissance, cette certitude d'être protégés dans nos riches sociétés. Le monde entier est frappé. Nous voyons souvent les catastrophes de loin, derrière nos écrans, mais là chacun est impacté dans sa vie de tous les jours. C’est réel, bien réel ! Nos certitudes s’effondrent. Les grands gagnants de cette crise sont les géants du Web qui ont vu leur image redorée. Non seulement le Web nous a permis de nous divertir, de continuer à garder contact avec nos proches mais il a aussi permis à de nombreuses personnes de continuer à travailler. Le bouleversement de nos pratiques culturelles était déjà en marche mais cette situation l’a accéléré. De belles initiatives se sont fait jour grâce aux nouvelles technologies, à l’instar de nombreux professeurs de conservatoires et d’écoles de musique qui ont su s’adapter pour maintenir le lien avec leurs élèves, malgré des contraintes. Pour beaucoup c’était une évidence d’assurer une continuité pédagogique, même si faire cours par visioconférence est contraignant et fatigant et ne peut remplacer la présence de l’élève en cours. Beaucoup d’établissements d’enseignement artistique leur ont emboîté le pas en proposant une offre pédagogique adaptée aux différents outils informatiques. Même si on peut saluer ces dispositifs, ils révèlent cependant les inégalités entre les élèves. Il faudrait qu’ils puissent regagner leurs salles de cours. Mais quand ? D’autres initiatives venues d’artistes ont régalé un grand nombre d’internautes avec la diffusion de concerts sur des chaînes YouTube ou sur les réseaux sociaux. D'autres initiatives culturelles ont émergé de la part de grandes institutions comme l’opéra de Paris avec une offre d’opéras et de ballets consultables gratuitement, mais aussi la Comédie française avec un site dédié. Nous avons assisté à une démocratisation de la culture. Un des points communs à toutes ces initiatives est la gratuité. Il ne faut pas oublier que la culture, les artistes, les compositeurs, les salles de spectacles, tout ce qui fait le monde musical ne peut pas vivre sans argent. Durant cette période on a fait fi des droits d’auteur et de protection intellectuelle. Il faudra le moment venu revenir à un système payant car la gratuité dans la culture a ses limites. L’ère des concerts virtuels ne durera pas et c’est heureux. Souhaitons que ce moment soit pour bientôt ! Nous avons quelque droit d’espérer. En effet Franck Riester, ministre de la culture, a évoqué la possibilité d'une réouverture progressive des salles des spectacles dès le mois de juin. Cette période délicate et difficile marquera chacun d’entre nous. Même si nos sociétés ont une grande capacité à oublier, peut-être qu’elle nous fera prendre conscience de notre fragilité, de notre vulnérabilité et mettra à jour ce qui est essentiel à nos vies. C’est le moment de se rappeler et de rappeler que la culture est un rempart au désœuvrement. Et continuons à croire que l’art peut changer le monde. A présent je vous laisse découvrir les différents articles de la newsletter Bonne lecture ! |
C.F. |