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Les Sourds Doués

Un quatuor original, 10 ans déjà ; et un scoop : un nouveau clarinettiste basse....



sourds doués affiche trévise 2017Pourquoi les Sourds-Doués et pourquoi une formation aussi originale (clarinette, clarinette basse, trompette, cor) ?
C’est d’abord la rencontre de deux copains au Conservatoire de Limoges, moi-même, Adrien Besse, clarinettiste  et Pierre Pichaud, trompettiste. Nous avons d’abord formé un « Duo à trois » avec une pianiste. Mais la pianiste est partie aux Pays-Bas, le répertoire est quasi-inexistant  et le Trio n’était pas facile à proposer à cause du coût de location d'un piano.
On a réfléchi avec Pierre à une formule Quatuor à vent, plus mobile. Pour le nom du groupe, il y a évidemment l’analogie avec les films Les Sous-Doués qui sont de notre génération, et une analogie musicale avec Sourds et Surdoués… Quant à  l’instrumentation, il y avait déjà des spectacles avec Le Quatuor (à cordes), les Désaxés au sax, les Bons becs en quatuor de clarinettes, le Mnozil Brass en Autriche, un septet de cuivres… Nous avons pensé à 2 bois, 2 cuivres en associant une clarinette basse et un trombone. Pas de problème pour la clarinette basse, nous connaissions déjà Emilien Véret. Mais la formule n’a pas marché avec le trombone qui a une tessiture trop voisine. L’idée du cor est venue naturellement ensuite. On avait connu Nicolas Josa à l’Orchestre National d'Harmonie des Jeunes; et cela a fonctionné dès le premier morceau.

Vous avez eu des changements de personnes ?
Oui, en clarinette basse ! Il y a 6 ans, Emilien Véret est devenu papa et ne voulait plus autant de déplacements et de concerts. On préparait un nouveau spectacle, mais cela s’est passé en douceur pendant plusieurs mois on a fonctionné en alternance avec la nouvelle recrue, François Pascal, qui est donc avec nous depuis quatre ans. Mais François fait aussi partie maintenant du quatuor de clarinettes « Les Anches hantées » et tous ces spectacles avec mise en scène sont devenus trop lourds pour lui.
Donc nous changeons en ce moment à nouveau de clarinettiste basse, et je vous annonce un scoop : ce sera Lilian Harismendy, brillant nouvelle clarinette basse solo de l'Orchestre Philharmonique de Radio France (après la Musique de l'Air, l'ONPL et l'ONL, rien que ça...).
Mais là aussi cela se passera en douceur, on a déjà quelques dates de concerts et le temps qu’il soit opérationnel, on pourra encore faire appel à François…

Mais un quatuor si original n’a pas de répertoire écrit. Comment avez-vous procédé ?
En fait on n’est pas complètement partis de zéro. Notre trompettiste Pierre Pichaud est aussi compositeur, arrangeur, chef d’orchestre de cirques réputés comme le Cirque d’hiver Bouglione.
Tu te souviens que chez Vandoren on avait discuté de partitions de quatuor de clarinettes que tu nous avais conseillées. Par exemple, la trompette sib peut utiliser une partie de 2e clarinette, le cor en fa, celle de cor de basset en fa, la clarinette basse celle de 1ère clarinette. Et comme Pierre est un excellent arrangeur, il adapte ce qui ne peut pas marcher directement. Et on teste aussi à la fois ce qui sonne au plan des timbres (il est arrivé d’inverser les parties de trompette et de cor…) et les effets comiques. Sans Pierre Pichaud on n’aurait jamais pu se lancer dans un tel challenge.
Un autre exemple : Rolando Villazon avait adoré nous écouter à Radio France, et il nous a engagés au Festival de Salzbourg en janvier 2020. Un festival comme vous le savez consacré à Mozart. Mais Mozart ne se prête pas à toutes les adaptations et notre spectacle là-bas comprenait un gros tiers de Mozart et le reste était constitué de certains de nos sketches habituels. On a cartonné et joué à guichets fermés….

Avez-vous essayé d’autres collaborations ?
Oui bien sûr : La commande à des compositeurs. Les Sourds Doués en quatuor soliste avec harmonie. The « Four Ties » de Pierre Pichaud, avec l’harmonie de Levallois-Perret et depuis avec une dizaine d’autres harmonies ; une pièce de Thierry Thibault, directeur de Conservatoire, Tubiste de l’Ensemble de cuivres Epsilon ; et enfin une commande à Alexis Ciesla. Alexis avait un doute quant à composer pour quatre instruments aussi dissemblables mais il a été convaincu que cela fonctionne !

Dix ans déjà que Les Sourds Doués existent… Avec le recul, quelles évolutions ?
Au départ on s’est mis d’accord de jouer la musique la plus variée possible. Tous les quatre avons des points communs et des différences. Moi-même je suis plus classique que certains, et je travaille chez Selmer. Pierre a de l’expérience en musique de bal, d’improvisation, de cirque. Emilien nous a apporté ses talents de super-improvisateur, François son humour décalé et son expérience d’orchestre comme bassiste en France et à l’étranger, Nicolas a réussi brillamment son entrée à l’Opéra de Paris.
C’était peut-être une gageure de faire travailler un quatuor bois-cuivres (mais après tout faire du quintette à vent est aussi un challenge). Mais nous travaillons toujours plus la justesse entre ces instruments, les attaques, les nuances…. On a rajouté des cordes à notre arc au plan scénique, comme la magie…

Et quel est le retour du public ?
Nous avons souvent fait des après-midis dans les écoles et lycées, et des concerts le soir. Les enfants ont été conquis et ont entrainé leurs parents le soir. Des parents nous ont avoué : je n’avais pas envie de venir… et j’ai adoré…. Ca fait plaisir !
Nous avons aimé également le travail avec les musiciens d’harmonie. On a parfois un peu bousculé leurs habitudes, avec notre humour de situation, la mise en scène. Ils ne pensaient pas pouvoir faire certaines choses, et ils l’ont fait. Un peu de magie, un peu de texte… Et le public de ces concerts, petits ou grands, qui nous dit parfois : j’ai commencé la clarinette (ou le cor ou….) grâce à vous ; ou bien : je me suis remis à la musique après vous avoir écouté. C’est magnifique….

sourds doués malentenduPour en savoir plus :
-    Site officiel : https://www.lessourdsdoues.fr
« En 2011, quatre garçons pleins d'avenir accompagnés de leurs célèbres cravates créaient un spectacle musical humoristique efficace et touchant autour d'un ensemble à vents jusqu'ici jamais pensé ni entendu - clarinette, trompette, cor et clarinette basse - aux sonorités riches et détonantes. Après plus de 200 représentations en France et à l'étranger, ils décident de s'entourer d'une équipe de professionnels dynamiques, du metteur en scène au magicien, de la chorégraphe au chef de chant, pour présenter un nouveau spectacle : "Sur un malentendu..." Suite logique, les personnages évoluent dans une lutte plus déjantée et vigoureuse encore, à la hauteur de leur complicité à peine dissimulée. Ils explorent leurs univers musicaux favoris - classique, jazz, tango, klezmer, musiques de films, etc.- n'hésitant pas à jongler entre chaque avec une aisance et une espièglerie déconcertantes, pour désacraliser le concert et amener petits et grands à s'ouvrir les oreilles. »

















J.M.P.