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Questions à Hélène Escriva, euphoniumiste, Membre de Saxback et artiste de la Compagnie du Hanneton de James Thierrée |
1) Le Saxback Ensemble. Fondé en 2014, l'ensemble a
évolué aujourd’hui avec l'intégration de nouveaux membres. Sur la photo, de gauche à droite : Hélène Escriva, Paul Lamarque, Joë Christophe, Antonin Pommel, Nicolas Arsenijevic, Joséphine Besançon. Comment est né Saxback ? L’équipe s’est créée au CNSM avec des affinités musicales et amicales. Au départ, c’étaient deux clarinettes si b, trois sax (alto, ténor, baryton), un euphonium. Aujourd’hui, clarinettes et sax jouent les instruments de toute la famille et moi je joue les instruments graves (avec en plus trompette basse, baryton, …). Saxback offrait une porte d’entrée à l’euphonium. Car cet instrument, si on veut en faire son métier, il faut le créer. Lui créer un répertoire soliste, chambriste. Quant aux compositeurs, ils ont découvert l’euphonium en soliste ou dans l’harmonie, ou à l’inverse, dans Saxback, et ont eu envie de lui composer des œuvres en soliste. Le répertoire anglo-saxon est un répertoire de niche, donc il fallait l’élargir. J’ai eu un vrai engouement pour la pédagogie avec Philippe Fritsch, professeur d’euphonium au CNSM depuis 1999. L’instrument s’émancipait de la classe de tuba et de trombone basse, et les premiers élèves sont devenus aujourd’hui professeurs. Chacun a enrichi le répertoire selon ses goûts et ses contacts : Bastien Baumet vient du milieu des brass bands et a sorti un CD d’euphonium ; Patrick Wibart s’est intéressé aux instruments anciens comme le serpent ; Ivan Milhet (1973-2009) a fait connaitre le tuba et l’euphonium, etc. » Saxback enrichit le répertoire par des arrangements, mais aussi des créations ? Nous avons également commandé des œuvres à Christian Dachez (Appel manqué, qu’on a créé en 2018 à New York), le clarinettiste et compositeur Eric Goubert (Formes instables de gravité de type 3-WZ, 2019). Resterait à créer du répertoire 1er cycle pour créer des mini Saxbacks ! Créer des liens entre élèves, donner envie de jouer avec les autres… Nous faisons des concerts scolaires (Une journée avec Adolphe Sax) avec de petits ensembles de clarinettes, de saxophones, etc., puis tout le monde se mélange et apprend autre chose. Ils jouent en première partie de notre concert du soir et en fin de concert. » Vous avez obtenu un prix à un concours aux États-Unis. Qu’est-ce que ça vous a apporté ? « Oui, en 2018, un 2e prix au concours international de musique de chambre M-Prize. L’occasion de nous mesurer à d’autres ensembles à vent, et de nous faire connaitre ensuite par l’offre de concerts dans des festivals. Sinon, les concours nous sont fermés car très spécialisés : par exemple, seulement les quintettes à vent, etc. » Et la tournée en Corée du Sud ? Notre public est composé de curieux et de passionnés. Nous avons à cœur de présenter quelque chose de convivial en concert, et cela marche ici comme à l’étranger. » J’ai été bluffé de voir que Saxback se présente sur scène en jouant par cœur… « C’est une étape importante pour le groupe. On s’émancipe des partitions, des parasites acoustiques et visuels que sont les pupitres. C’est un énorme gain en musicalité, sensations corporelles et psychologiques. On lève les yeux, la communication entre musiciens et avec le public s’en ressent. » Quels sont vos projets ? Nous avons une boîte de production, Matrisse Production, ce qui nous délivre de certaines tâches. Mais comme tout musicien, nous devons démarcher d’abord par nous-mêmes, nous créer des contacts. » Pour mieux connaitre le Saxback Ensemble (2 clarinettes, 3 sax, euphonium) et ses concerts, voir également leur site : https://www.saxback.com/le-saxback-ensemble * * * 2) Hélène Escriva, soliste. C’est l’occasion de parler un peu plus de l’euphonium ! Comment s’est fait le déclic avec les instruments graves ? « J’avais 3 ans quand j’ai écouté le quintette de cuivres Epsilon. J’ai flashé sur le tuba. J’ai commencé par souffler dans un tuyau d’arrosoir avec mes frères (!) et à 5 ans, j’ai eu un alto mi b. Pour les études : conservatoires du Tarn, puis de Toulouse. Levallois-Perret avec David Maillot, professeur d’euphonium, puis le CNSM de Paris, comme je l’ai dit plus haut. À Toulouse, j’avais déjà créé un ensemble de cuivres, rencontré des jeunes qui comme moi avaient envie de faire bouger les choses. J’ai gagné des concours, obtenu des « cartes blanches », des créations à des concerts. J’ai fait des rencontres, comme celle de l’accordéoniste Pierre Cussac (duo avec trompette basse, …), du compositeur Nicolas Worms, ou du sextuor de cuivres No slide, avec des arrangements de Tom Caudelle (https://www.facebook.com/noslidebrass). On pourrait aussi citer le duo avec piano Oneto-Bensaid/Escriva, le Bokeh Tuba Quintet, l’orchestre La Symphonie de poche, et La Pieuvre, compagnie de spectacles où je chantais, dansais, mimais aussi… Cette expérience m’a servi pour La Compagnie du Hanneton, fondée par le petit-fils de Charlie Chaplin, James Thiérée. Compagnie avec laquelle je vais être occupée pour les quatre prochaines années avec une centaine de représentations par an (https://compagnieduhanneton.com/). James Thiérée, c’est quelqu’un qui a plein d’instruments chez lui ; c’est d’ailleurs par son réparateur, Adrien, que j’ai fait sa connaissance. » Justement, quels sont tes autres projets en cours ? J’ai enseigné l’euphonium de 17 à 27 ans, notamment au conservatoire du 7e arr. de Paris, et j’y ai développé une fanfare. Pour moi les élèves sont acteurs et moteurs de l’évolution de l’instrument. Je leur demande de réfléchir à un projet, d’être exigeant envers eux-mêmes. Mais garder le plaisir, le partage, rester curieux, c’est important aussi ! » Propos recueillis par Jean-Marie Paul le 24 juin 2021. (Photos fournies par l'artiste.) |
J.M.P. |