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Fin de Nuit
(HEXAJJ2256) :
65,00
Philippe BOESMANS
Verleger : Jobert
Verleger : Jobert
Gattung : Instrumentalmusik
Gruppe : Klavier
Stil und Optionen : Klavier und Orchester-Klavier & Band
Gruppe : Klavier
Stil und Optionen : Klavier und Orchester-Klavier & Band
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Entre ses opéras, le compositeur Philippe Boesmans aime à penser à ses pièces de repos. Le présent diptyque - Fin de Nuit - est né pendant les répétitions de Pinocchio (2017) au Festival International d'Art Lyrique d'Aix-en-Provence. Là, dans la moiteur de l'après-midi, quand la chaleur devenait insupportable et que - surtout - les obligations du monde de l'opéra commençaient à lui retourner l'esprit, c'est dans sa chambre d'hôtel qu'il trouvait refuge. Allongé sur le couvre lit coquet que l'hôtelière avait longtemps lissé de ses doigts experts, ses lourdes responsabilités lentement l'abandonnaient comme la fumée d'un narghilé de kif et de majoun.
Quand il était encore petit, le grand compositeur - qu'on appelait alors Phipo - n'avait qu'une marotte sous ses cheveux bouclés : écouter le poste de radiodiffusion qui crépitait, quelque part, près de la cuisinière. Là, il scrutait les programmes de musique classique, à l'étonnement de ses parents qui jamais n'avaient envisagé cet art comme quelque chose de très remarquable. Sous leurs yeux, se développait - là ! près de la cuisinière ! - un cas très rare de mélomanite fulminante et spontanée. Et plutôt du genre idiopathique, en plus. Avec fièvre il remuait les boutons, pour trouver dans un maelström d'ondes lointaines, le bon programme : celui qui vers 16 heures - non ! à 16 heures, car de ce temps l'approximation n'existait pas - celui qui à 16 heures lui offrirait de la musique classique. Et pas n'importe quelle musique classique, celle qui - entre toutes - était sa gourmandise : les concertos romantiques pour piano et orchestre. Au fil des rendez-vous, il commençait à en connaître les introductions, puis de pleines mesures et par les aimer d'amour, soustrayant aux petites passantes gantées de la belle ville de Tongres les premiers battements d'un cœur amoureux.
Et de sa chambre d'hôtel - en 2017, à Aix-en-Provence - c'est à cette émotion-là qu'il pense. A la sonorité de l'orchestre. Puis à la sonorité de l'orchestre et du piano, qui n'est pas qu'une addition - banale et prosaïque - mais une alchimie - mieux : une incarnation ! "Ces concertos que j'écoutais quand j'étais petit me rendaient fou, c'était un plaisir presque comparable à l'érotisme".
Dans Fin de nuit, on entend deux mouvements très distincts. Le premier est court, il est purement orchestral et il incarne les derniers soubresauts d'un bon sommeil. Le dernier rêve connaît l'agitation d'une nuit qui nous conduit à bon port, malgré quelques petites turbulences. Pour le pianiste, l'enjeu sera d'attendre un peu - sur scène ou dans les coulisses - que le protagoniste se réveille, que la lumière se fasse. Ainsi, la fraise a le goût de fraise, ainsi la vie à le goût de bonheur (1).
La seconde partie est un rappel à la réalité : celle d'un sentiment de jeunesse exprimé par la grande virtuosité du pianiste. "Lorsque j'ai rencontré David Kadouch, je lui ai trouvé une qualité Mendelssohnienne". Le pianiste français pris dans des tourbillons d'éternelle jeunesse et d'énergie solaire. On touche ici à la nostalgie, à la madeleine de Proust du compositeur qui, dans cette matinée de printemps augmentée des gammes frénétiques d'un pianiste virtuose, retrouve - au loin - un peu de son enfance, dans cette brise du nord. "Composer, c'est pouvoir rappeler le passé - un passé transformé. C'est le bonheur d'une certaine tristesse". Boesmans a lu Les amours interdites de Mishima et sait que le vieil écrivain Shunsuké retrouve un peu de sa verdeur et voit s'agiter à nouveau son pauvre sexe au contact d'un jeune poète. Fin de Nuit rappelle aussi que les hivers des uns sont les printemps des autres. A ce titre, elle trouvera une place de choix dans ce catalogue des ironies terrestres qu'est l'œuvre de Boesmans.
Camille De Rijck
(1) Alain, Propos sur le bonheur, ed. Folio
Piano et orchestre
Partition
Date de sortie : 26/12/2018
ISMN : 9790230822565
Quand il était encore petit, le grand compositeur - qu'on appelait alors Phipo - n'avait qu'une marotte sous ses cheveux bouclés : écouter le poste de radiodiffusion qui crépitait, quelque part, près de la cuisinière. Là, il scrutait les programmes de musique classique, à l'étonnement de ses parents qui jamais n'avaient envisagé cet art comme quelque chose de très remarquable. Sous leurs yeux, se développait - là ! près de la cuisinière ! - un cas très rare de mélomanite fulminante et spontanée. Et plutôt du genre idiopathique, en plus. Avec fièvre il remuait les boutons, pour trouver dans un maelström d'ondes lointaines, le bon programme : celui qui vers 16 heures - non ! à 16 heures, car de ce temps l'approximation n'existait pas - celui qui à 16 heures lui offrirait de la musique classique. Et pas n'importe quelle musique classique, celle qui - entre toutes - était sa gourmandise : les concertos romantiques pour piano et orchestre. Au fil des rendez-vous, il commençait à en connaître les introductions, puis de pleines mesures et par les aimer d'amour, soustrayant aux petites passantes gantées de la belle ville de Tongres les premiers battements d'un cœur amoureux.
Et de sa chambre d'hôtel - en 2017, à Aix-en-Provence - c'est à cette émotion-là qu'il pense. A la sonorité de l'orchestre. Puis à la sonorité de l'orchestre et du piano, qui n'est pas qu'une addition - banale et prosaïque - mais une alchimie - mieux : une incarnation ! "Ces concertos que j'écoutais quand j'étais petit me rendaient fou, c'était un plaisir presque comparable à l'érotisme".
Dans Fin de nuit, on entend deux mouvements très distincts. Le premier est court, il est purement orchestral et il incarne les derniers soubresauts d'un bon sommeil. Le dernier rêve connaît l'agitation d'une nuit qui nous conduit à bon port, malgré quelques petites turbulences. Pour le pianiste, l'enjeu sera d'attendre un peu - sur scène ou dans les coulisses - que le protagoniste se réveille, que la lumière se fasse. Ainsi, la fraise a le goût de fraise, ainsi la vie à le goût de bonheur (1).
La seconde partie est un rappel à la réalité : celle d'un sentiment de jeunesse exprimé par la grande virtuosité du pianiste. "Lorsque j'ai rencontré David Kadouch, je lui ai trouvé une qualité Mendelssohnienne". Le pianiste français pris dans des tourbillons d'éternelle jeunesse et d'énergie solaire. On touche ici à la nostalgie, à la madeleine de Proust du compositeur qui, dans cette matinée de printemps augmentée des gammes frénétiques d'un pianiste virtuose, retrouve - au loin - un peu de son enfance, dans cette brise du nord. "Composer, c'est pouvoir rappeler le passé - un passé transformé. C'est le bonheur d'une certaine tristesse". Boesmans a lu Les amours interdites de Mishima et sait que le vieil écrivain Shunsuké retrouve un peu de sa verdeur et voit s'agiter à nouveau son pauvre sexe au contact d'un jeune poète. Fin de Nuit rappelle aussi que les hivers des uns sont les printemps des autres. A ce titre, elle trouvera une place de choix dans ce catalogue des ironies terrestres qu'est l'œuvre de Boesmans.
Camille De Rijck
(1) Alain, Propos sur le bonheur, ed. Folio
Piano et orchestre
Partition
Date de sortie : 26/12/2018
ISMN : 9790230822565