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Le Supplice de Marsyas d'après Titien für streichorchester mit solist
(HEXA29329) :
65,00
Hugues DUFOURT
Verleger : Editions Henry Lemoine
Verleger : Editions Henry Lemoine
Gattung : Orchester
Gruppe : Streichorchester mit Solist
Stil und Optionen : Solo-Streichquatuor
Gruppe : Streichorchester mit Solist
Stil und Optionen : Solo-Streichquatuor
Titien réalisa le Supplice de Marsyas durant l'été 1576, peu avant sa mort qui survint le 27 août. Cette huile sur toile de vastes dimensions est conservée à Kromeriz en Tchécoslovaquie.
D'après le mythe grec, Marsyas, le Silène phrygien, aurait inventé l'aulos. Ce chalumeau à anche double précurseur du hautbois possédait une sonorité rauque, réputée provoquer des états de transe. L'aulos accompagnait d'ordinaire les rituels de possession. Marsyas eut un jour l'impudence de prétendre que son instrument pouvait rivaliser avec la lyre. Apollon pendit l'insolent par les pieds et l'écorcha vif.
Le récit mythologique relaté par Ovide fut fréquemment traité dans la tradition figurative du seizième siècle, notamment par Michel Ange et Jules Romain. Mais Titien porta la scène à un degré de violence hallucinée.
Une frondaison opaque dresse le décor de cette pastorale macabre. Dans une pénombre couleur de soufre, Apollon et son esclave scythe s'affairent au dépouillement du silène sous le regard pensif d'un vieillard qui n'est autre que Titien en personne. Le flegme professionnel du bourreau scythe contraste avec le soin méticuleux que met le dieu, un genou à terre, à dilacérer l'épiderme de sa victime. Sur un ton d'allégresse contenue, un joueur de viola da braccio fait résonner son archet avec l'air pénétré d'une figure de dévotion. Un faune dépose discrètement un seau tandis qu'un petit chien lape la flaque de sang qui s'élargit sous la tête du supplicié.
Titien se met lui-même en scène dans un "tableau vivant". Le monde peint n'est plus séparé du nôtre. On dirait que le peintre cherche à s'arracher à la terrible emprise identitaire qui pesait sur chaque citoyen de la République de Venise. Titien sait l'empire vénitien condamné. Il abhorre l'esthétique italienne de la règle et du compas, la grammaire aride du dessin, la forme claire et ferme qui supprime le temps.
Son pinceau sert de couteau de dépiautage et comme il n'y suffit pas, Titien broie les couleurs de ses doigts et les triture directement sur la toile. Un impétueux mouvement de torsion dicte l'attitude des figures.
Le travail de l'imagination est appelé à compléter l'œuvre laissée dans un état apparent d'inachèvement. Et cette implication forcée plonge le spectateur stupéfait dans un mélange inouï d'excitation et d'horreur.
Le Supplice de Marsyas est un tableau de sinistre augure qui annonce dans la civilisation une régression bien plus radicale qu'un retour à l'ère dominée par le mythe.
L'œuvre musicale qui s'inspire de la toile est écrite pour quatuor à cordes. Il s'agit d'une méditation sur le tranchant des cordes. Il serait fastidieux d'entrer dans l'explication détaillée de leur traitement. Car les processus du développement musical échappent aux lois logiques de la pensée. Tout au plus peut-on remarquer des effets de stridence et de ressac, un entrechoc de forces élémentaires, des chaînes tourbillonnaires, des mouvements imperceptibles et l'apparition intermittente de formes insaisissables. L'art ne peut rien dire du théâtre des pulsions, sinon en esquisser çà et là quelques mouvements indéchiffrables.
Le Supplice de Marsyas d'après Titien est une commande du Wiener Konzerthaus, avec le soutien de la Fondation Ernst von Siemens, du Wigmore Hall, avec le soutien d'André Hoffmann, président de la Fondation Hoffmann (Londres), de la Cité de la Musique (Paris) et de Pro Quartet (Paris).
L'œuvre est dédiée au quatuor Arditti.
Hugues Dufourt
Quatuor à cordes
Partition + matériel
Date de sortie : 18/02/2019
ISMN : 9790230993296
D'après le mythe grec, Marsyas, le Silène phrygien, aurait inventé l'aulos. Ce chalumeau à anche double précurseur du hautbois possédait une sonorité rauque, réputée provoquer des états de transe. L'aulos accompagnait d'ordinaire les rituels de possession. Marsyas eut un jour l'impudence de prétendre que son instrument pouvait rivaliser avec la lyre. Apollon pendit l'insolent par les pieds et l'écorcha vif.
Le récit mythologique relaté par Ovide fut fréquemment traité dans la tradition figurative du seizième siècle, notamment par Michel Ange et Jules Romain. Mais Titien porta la scène à un degré de violence hallucinée.
Une frondaison opaque dresse le décor de cette pastorale macabre. Dans une pénombre couleur de soufre, Apollon et son esclave scythe s'affairent au dépouillement du silène sous le regard pensif d'un vieillard qui n'est autre que Titien en personne. Le flegme professionnel du bourreau scythe contraste avec le soin méticuleux que met le dieu, un genou à terre, à dilacérer l'épiderme de sa victime. Sur un ton d'allégresse contenue, un joueur de viola da braccio fait résonner son archet avec l'air pénétré d'une figure de dévotion. Un faune dépose discrètement un seau tandis qu'un petit chien lape la flaque de sang qui s'élargit sous la tête du supplicié.
Titien se met lui-même en scène dans un "tableau vivant". Le monde peint n'est plus séparé du nôtre. On dirait que le peintre cherche à s'arracher à la terrible emprise identitaire qui pesait sur chaque citoyen de la République de Venise. Titien sait l'empire vénitien condamné. Il abhorre l'esthétique italienne de la règle et du compas, la grammaire aride du dessin, la forme claire et ferme qui supprime le temps.
Son pinceau sert de couteau de dépiautage et comme il n'y suffit pas, Titien broie les couleurs de ses doigts et les triture directement sur la toile. Un impétueux mouvement de torsion dicte l'attitude des figures.
Le travail de l'imagination est appelé à compléter l'œuvre laissée dans un état apparent d'inachèvement. Et cette implication forcée plonge le spectateur stupéfait dans un mélange inouï d'excitation et d'horreur.
Le Supplice de Marsyas est un tableau de sinistre augure qui annonce dans la civilisation une régression bien plus radicale qu'un retour à l'ère dominée par le mythe.
L'œuvre musicale qui s'inspire de la toile est écrite pour quatuor à cordes. Il s'agit d'une méditation sur le tranchant des cordes. Il serait fastidieux d'entrer dans l'explication détaillée de leur traitement. Car les processus du développement musical échappent aux lois logiques de la pensée. Tout au plus peut-on remarquer des effets de stridence et de ressac, un entrechoc de forces élémentaires, des chaînes tourbillonnaires, des mouvements imperceptibles et l'apparition intermittente de formes insaisissables. L'art ne peut rien dire du théâtre des pulsions, sinon en esquisser çà et là quelques mouvements indéchiffrables.
Le Supplice de Marsyas d'après Titien est une commande du Wiener Konzerthaus, avec le soutien de la Fondation Ernst von Siemens, du Wigmore Hall, avec le soutien d'André Hoffmann, président de la Fondation Hoffmann (Londres), de la Cité de la Musique (Paris) et de Pro Quartet (Paris).
L'œuvre est dédiée au quatuor Arditti.
Hugues Dufourt
Quatuor à cordes
Partition + matériel
Date de sortie : 18/02/2019
ISMN : 9790230993296